Aux Jardins de la Ramée, nous pratiquons une méthode singulière de maraîchage. Nous nous inspirons à la fois de la culture sur sol vivant et de la permaculture. Nous paillons donc notre potager pour protéger le sol comme il peut l'être dans le milieu forestier.
Culture sur sol-vivant
Cette couche protège les organismes vivants des UV qui dès lors peuvent remonter jusqu’à la surface du sol. Ce qui a pour conséquence de l’aérer. Cela nous permet de limiter notre travail du sol, qui souvent ne se limite qu'à un léger coup de croc et un passage de houe brise-motte pour les semis fins. Rien qui ne puisse déranger les nombreux êtres vivants présents dans les milieux aérobie et anaérobie de notre sol, que du contraire, ce qui favorise leur équilibre naturel.
La couverture empêche également une trop forte évaporation et nous permet de ne pas arroser notre potager hormis pour la levée des semis lors des fortes chaleurs.
Cette couche protectrice nous aide dans notre quotidien de maraîchers. Car, qui dit pas de lumière, dit pas de germination d'adventices annuelles. Finit le désherbage? Pas pour autant puisque les plantes à racines pivots comme le rumex ou encore le pissenlit n'ont que faire du paillage et le "percent" facilement… Mais le temps alloué au désherbage reste sans commune mesure avec un sol laissé à nu !
Véritable oasis pour la faune du sol, les divers paillages que nous utilisons (paille, herbe de tonte, feuilles mortes, fanes et déchets de légumes...) amendent le terrain de culture au rythme de leur décomposition.
La permaculture
En déambulant dans nos allées, ne vous étonnez pas de constater que de nombreux légumes et fleurs "partent en graines". En dehors de leur intérêt esthétique apportant de la verticalité au potager, ces plantes viendront regarnir plus tard le jardin grâce à leurs "semis spontanés". C’est la manière la plus efficace pour avoir des repousses précoces et plus robustes face aux indésirables.
Ça et là, vous apercevrez également de vieux légumes laissés en terre en attendant la nouvelle rotation. Vers de terre, bactéries et champignons s'en serviront comme garde mangé. Cerise sur le gâteau, les vieux choux servent en plus de leurre en début de saison pour les limaces qui adorent les crucifères.
Si Soigner son sol est important, privilégier la faune et ses auxiliaires l'est tout autant! L'équilibre de la biodiversité est essentielle pour la bonne santé de tout le potager. C’est ce que l’on appelle "la lutte biologique intégrée". Par exemple, en implantant des haies, les prédateurs qui y vivent vont protéger le potager (insectes et oiseaux). Ces arbres procurent également de l’ombre dans les périodes de canicules. L’automne, les feuilles contribuent en partie au renouvellement du paillage. Le côté moins visible des haies, c’est un sol gorgé de vie à leurs pieds qui n’est jamais dérangé par le jardinier. C’est ce que l’on appelle l’effet de bordure. Chaque jonction entre différents milieux (aquatique, forestier, aérien, prairie) offrent des avantages. C’est l’idée que 1+1=3. D'où notre souci de créer un maximum de biotopes au sein même de notre potager. (mare, tas de bois, de caillou...)
Dans cette volonté de biodiversité, nos jardins sont flanqués de fleurs mellifères, de haies de petits fruits ou encore des plates-bandes d’aromatiques qui désorientent les nuisibles, voire les repoussent. Et comme on pense permaculture, en plus d'être mellifères, les fleurs sont à la fois comestibles, et souvent compagnes des légumes qui les entourent: C'est le principe d'association qui s'applique aussi entre les légumes.
Ces quelques paragraphes, qui lèvent brièvement le voile sur la technique utilisée aux Jardins de la Ramée, illustrent notre volonté de tendre vers l'équilibre de biodiversité que l’on ne retrouve que dans les écosystèmes naturels. Une approche passionnante au quotidien car notre technique est en constante évolution... La nature nous en apprend tous les jours.